Le système glymphatique, souvent comparé à un réseau d’égouts cérébral, a été découvert il y a une dizaine d’années. Il permet au liquide céphalorachidien de pénétrer en profondeur dans le cerveau pour évacuer des déchets potentiellement toxiques, dont certains sont associés à la maladie d’Alzheimer. En plus de son rôle d’élimination, ce système équilibre les niveaux d’eau dans le cerveau, expose les agents pathogènes au système immunitaire et alimente les cellules cérébrales en nutriments.
Jusqu’à présent, les recherches sur la circulation des fluides cérébraux se basaient essentiellement sur des animaux anesthésiés, laissant en suspens la question de l’activation naturelle du système glymphatique pendant un cycle veille-sommeil normal. Certains chercheurs ont même commencé à remettre en cause l’idée selon laquelle ce processus dépendrait uniquement du sommeil.
Pour répondre à ces questions, les chercheurs ont mis au point une technique innovante impliquant des implants à fibre optique chez des souris éveillées et en mouvement libre. En marquant le neurotransmetteur noradrénaline et en utilisant des gènes sensibles à la lumière, ils ont pu observer les variations de volume sanguin et de liquide cérébral.
Les résultats confirment que la noradrénaline provoque des contractions rythmiques des vaisseaux sanguins toutes les 50 secondes, entraînant des oscillations dans le volume sanguin du cerveau. Ces pulsations sont bien plus marquées durant le sommeil profond, non paradoxal, que durant l’éveil ou le sommeil paradoxal (phase de rêve). Ce phénomène facilite l’élimination des déchets cérébraux en favorisant la pénétration du liquide céphalorachidien en profondeur dans le cerveau.
Selon Natalie Hauglund, première autrice de l’étude, ces découvertes complètent les connaissances existantes sur le système glymphatique et identifient enfin la connexion entre les ondes lentes du sommeil, les micro-éveils et les variations de la noradrénaline.
Effet potentiellement néfaste des somnifères sur la nettoyage cérébral
Toutefois, l’étude souligne que tous les types de sommeil ne sont pas équivalents en termes de nettoyage cérébral. Inspirés par des recherches suggérant que les somnifères altèrent les phases du sommeil, les chercheurs ont testé leur impact sur la dynamique du système glymphatique. Ils ont découvert que ces médicaments réduisaient les oscillations nécessaires à l’infiltration du liquide céphalorachidien, limitant ainsi l’efficacité du nettoyage cérébral.
Bien que cette étude ait été réalisée sur des souris, il est probable que des mécanismes similaires soient à l’œuvre chez l’humain. Cela ne signifie pas que les somnifères doivent être proscrits, mais ces résultats incitent à peser leurs effets sur la santé cérébrale. Un sommeil naturel et réparateur apparaît donc essentiel pour optimiser le fonctionnement du cerveau et prévenir les maladies neurodégénératives.
Sources. Natalie L. Hauglund (Janvier 2025), Norepinephrine-mediated slow vasomotion drives glymphatic clearance during sleep. Cell